Taxe douanière US de 15% sur les Airbus importés

Soit 5 % supplémentaires à la taxe douanière sur les avions Airbus qui sont importés d’Europe à partir de la mi-mars 2020. Les droits passeront à 15 %.

https://air-cosmos.com/article/taxe-douanire-les-etats-unis-en-rajoutent-une-couche-sur-airbus-22575

Source Le monde du 17-02-2020

PERTES & PROFITS|AIRBUS-SAFRAN

Donald Trump sort les couteaux

Par Philippe Escande

Jamais à court d’imagination, le président des Etats-Unis, Donald Trump, vient de sortir de son chapeau une nouvelle salve de taxes douanières contre l’Europe. Après le vin, le fromage, les anoraks et les lames de couteaux pliables, l’administration américaine est montée d’un cran en visant également les couteaux de boucher. Mais le plat de résistance de cette offensive concerne les deux grands postes d’exportation de l’Europe vers les Etats-Unis, l’aéronautique et l’automobile. Vendredi 14 février, Washington a annoncé une hausse de 10 % à 15 % des droits de douane sur les importations d’avions Airbus.

Cette mesure se veut une réponse à la reconnaissance par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de la réalité des subventions reçues par Airbus depuis plus de quinze ans. Une querelle interminable qui devrait connaître un nouveau rebondissement dans quelques mois, quand la même OMC statuera sur les subventions américaines à Boeing. Chacun affûte ses lames en prévision de la grande bataille. L’activisme de Donald Trump s’explique par sa volonté de peser dans les nouvelles négociations qui devraient s’ouvrir entre l’Europe et les Etats-Unis sur la signature d’un traité de libre-échange. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen s’est engagée, en janvier, au forum de Davos, en Suisse, à conclure au plus vite un accord.

Une commode arme douanière

Un enthousiasme qu’il convient de tempérer quand on se souvient de l’échec, en 2016, après des années de négociations, du traité de libre-échange transatlantique (TTIP), ardemment poussé par l’administration Obama. Compte tenu du retrait du pays de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et de l’hypersensibilité des opinions à la question des échanges dans le domaine agroalimentaire, on peut douter de la possibilité d’un partenariat d’ampleur conclu en quelques mois.

Qu’importe, pour Trump, l’arme douanière est la plus commode, quitte à faire preuve de pragmatisme, quand le risque de dommages collatéraux est trop important. Il n’a toujours pas mis en vigueur sa menace de taxer les voitures allemandes, et les usines américaines d’Airbus ne seront pas touchées par les tracasseries douanières.

Cette politique est proche de celle menée à l’égard de son autre grand partenaire commercial, la Chine. Avec le même mélange d’annonces brutales suivies de négociations laborieuses. A deux différences près : d’une part, le personnel politique est unanime contre l’empire du Milieu et, d’autre part, l’objectif n’est pas celui d’un rééquilibrage des échanges, mais d’un affaiblissement de l’adversaire.

Témoin, l’acharnement contre le groupe technologique Huawei et la nouvelle guerre qui se dessine dans l’aéronautique. L’administration américaine envisage d’interdire à General Electric et à Safran de vendre au chinois Comac des moteurs pour ses futurs avions. Une mesure destinée à ralentir la progression du futur concurrent d’Airbus et de Boeing dans les avions commerciaux. Trump voit des ennemis partout, mais, avec certains, les couteaux sont bien plus aiguisés.

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