The aircraft maker Boeing will temporarily stop manufacturing its 737 Max jets in January. The entire fleet of 737 Max planes has been grounded for 9 months following a pair of crashes that killed 346 people. The suspension has cost Boeing around $9bn so far. The firm hopes to receive authorisation for the 737 Max to return to service in 2020. Boeing said it will keep the 12,000 production line employees on its payroll. Sources: CNBC, Deutsche Welle, Financial Times, Reuters and Seattle Times.
Mise à jour
Boeing stoppe la production du 737 Max pendant deux mois
Guy Dutheil. Le Monde du 18-12-2019
L’arrêt des chaînes d’assemblage de l’avionneur américain pourrait avoir des conséquences sur l’emploi chez les fournisseurs de l’appareil
Boeing s’est finalement résolu, lundi 16 décembre, à suspendre pendant deux mois la production de son moyen-courrier 737 Max, cloué au sol depuis la mi-mars après deux crashes qui ont coûté la vie à 346 passagers et membres d’équipages. Cette décision prendra effet dès janvier 2020.
Réunis pendant deux jours à Chicago, au siège de l’avionneur, les dirigeants de Boeing ont préféré stopper les chaînes d’assemblage du Max plutôt que de réduire une nouvelle fois la production de l’appareil. Depuis avril, Boeing ne produisait plus que quarante-deux exemplaires du Max chaque mois contre cinquante-deux en rythme de croisière. L’arrêt de la production du moyen-courrier n’a pas surpris les industriels de l’aéronautique. « Boeing ne pouvait plus continuer à produire des avions pour les empiler sur des parkings », commente le patron d’un fournisseur de premier rang du Max. Selon lui, la décision de l’avionneur américain est même trop tardive. « Ils auraient dû baisser plus fortement la cadence de production dès septembre », ajoute-t-il. Après plus de neuf mois d’immobilisation, près de 500 Max s’entassent sur les parkings autour des usines de Boeing. Sans compter les 300 déjà livrés aux compagnies. « Nous pensons que cette décision perturbe le moins le maintien du système de production à long terme et la santé de la chaîne d’approvisionnement », a indiqué Boeing, lundi.
A l’examen, l’arrêt, pour deux mois, de la production du Max est une très mauvaise nouvelle pour l’avionneur américain. Elle signifie que la direction de Boeing ne table plus sur un retour rapide en vol de son moyen-courrier. Depuis, mars, le constructeur américain s’est pourtant toujours voulu optimiste. En juin, à l’occasion du Salon du Bourget, il avait fait passer le mot auprès de ses grands fournisseurs que le Max pourrait reprendre ses vols commerciaux dès l’été. A la rentrée, l’avionneur croisait les doigts pour une reprise des vols au quatrième trimestre.
La suspension de la production est la conséquence directe de la défiance des autorités de régulation de l’aviation envers Boeing. L’Agence fédérale américaine de l’aviation (FAA), pointée du doigt pour sa trop grande proximité avec Boeing, ne veut désormais plus laisser prise aux critiques. Steve Dickson, le nouveau patron de l’agence, n’avait laissé que peu d’espoirs à Boeing. Dans une lettre adressée aux élus du Congrès le 13 décembre, il avait « craint que Boeing ne continue de poursuivre un calendrier de retour en service irréaliste ». Surtout, M. Dickson avait jugé « plus inquiétant encore » le fait que « certaines des prises de position publiques [de l’avionneur] pouvaient donner l’impression de vouloir forcer la FAA à agir plus vite »pour autoriser cet avion à reprendre ses vols.
En pratique, Les autorités de régulation de l’aviation, américaines comme internationales, veulent prendre leur temps avant de donner un éventuel feu vert à un retour en vol de l’avion. Elles ont décidé d’examiner l’appareil à la loupe. Notamment, les mises à jour du MCAS, le système informatique de contrôle d’assiette de l’avion, un dispositif mis en cause dans les deux accidents. Désormais, les instances de régulation ne se risquent plus à indiquer une date de reprise des vols.
« Chômage technique »
L’interruption de la production a jeté un grand froid parmi toute la chaîne de fournisseurs du Max. « C’est catastrophique ! », se désole le dirigeant d’un équipementier. Cet arrêt temporaire pourrait avoir des conséquences sur l’emploi. Notamment en France. Certains fournisseurs très liés à la production du Max n’excluent pas d’avoir recours à des mesures de « chômage technique ». Le motoriste Safran, qui détient l’exclusivité de la fourniture des moteurs de l’avion par le biais de CFM International, sa société commune avec l’américain General Electric, serait l’un des plus touchés. En sus des moteurs, Safran fournit aussi les câblages, les freins, les intérieurs de la cabine, les toilettes, les roues, ou les toboggans d’évacuation. Outre le motoriste, d’autres industriels français sont concernés tels Latécoère, Michelin et Thales. Boeing, qui, par contrat, s’était engagé à acheter leurs productions devra mettre la main à la poche pour les indemniser.
La décision de Boeing est aussi le signe que la crise du Max a viré à la catastrophe industrielle. En juillet, les comptes de l’américain étaient passés dans le rouge avec une perte de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros). Au total, les 10 milliards de dollars devraient être largement dépassés. Et rien ne certifie que l’appareil puisse reprendre les airs un jour. Selon le quotidien britannique Times du 12 décembre, la FAA a autorisé le Max à continuer de voler après le premier crash de l’avion en octobre 2018, bien qu’elle ait conclu que l’avion pourrait connaître un accident fatal tous les deux ou trois ans. Désormais l’avenir de l’appareil commandé à plus de 5 000 exemplaires est en suspens. Au point que certains, comme Philippe Petitcolin, directeur général de Safran, redoutent qu’en cas de nouveaux problèmes, Boeing soit conduit à lancer la construction d’un nouvel avion.
Pour l’heure, les déboires de l’américain ne profitent pas au rival Airbus. L’avionneur européen a déjà fort à faire pour tenir ses cadences de production notamment des plus de 6 000 A320 qui lui ont été commandés. Pour livrer plus rapidement ses clients, Airbus va ouvrir une nouvelle ligne d’assemblage, vraisemblablement à Toulouse, d’ici un an.