Ukraine: vers la formations de pilotes de chasse

Source: Le Monde du 17/05/2023

Emmanuel Macron « ouvre la porte » à la formation de pilotes de chasse ukrainiens

Les entraînements seraient dispensés en concertation avec d’autres pays européens

Cédric Pietralunga

Ce n’est pas encore l’envoi d’avions de combat espéré par l’Ukraine, mais c’est une première étape. Lundi 15 mai, quelques heures après une visite à Paris du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le cadre d’une tournée des principales capitales européennes, Emmanuel Macron a annoncé son intention de former des militaires ukrainiens au pilotage de chasseurs occidentaux. « Nous avons ouvert la porte pour former des pilotes », a assuré le chef de l’Etat, dans un entretien au journal de 20 heures de TF1, ajoutant que ces formations pouvaient commencer « dès maintenant ».

Selon M. Macron, ces formations seront dispensées en concertation avec d’autres pays européens « qui y sont prêts »« On a besoin aujourd’hui de commencer à former, c’est l’accord qu’ont pris plusieurs pays européens », a-t-il expliqué, donnant le sentiment de vouloir prendre la tête de ce groupe. Aucun détail n’a été donné, mais plusieurs capitales ont fait part ces dernières semaines de leur disponibilité pour former des pilotes ukrainiens, comme Bruxelles ou Amsterdam. Interrogé, le ministère des armées français n’était pas en mesure de préciser, lundi soir, la nature de cet accord.

Seule certitude, l’idée a fait son chemin parmi les Occidentaux. Quelques heures avant l’annonce de M. Macron, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait officialisé lui aussi le lancement, à partir de « cet été », d’une « formation de base » pour les pilotes ukrainiens. « Le programme d’entraînement des pilotes anglais sera adapté pour fournir aux Ukrainiens des compétences de pilotage qu’ils pourront utiliser sur un autre type d’avion », a fait savoir le chef du gouvernement britannique, dans un communiqué publié, lundi, à l’occasion de la dernière étape de la tournée européenne de M. Zelensky, à Londres.

Plus surprenant, Emmanuel Macron a déclaré, lors de l’entretien sur TF1, que « des discussions sont [également] en cours avec les Américains ». Jusqu’ici, les Etats-Unis se sont pourtant toujours montrés réticents à l’idée de fournir des avions de combat modernes à l’Ukraine, estimant que ce serait courir le risque d’une escalade avec la Russie. Deux pilotes ukrainiens se sont bien rendus, en mars, sur une base aérienne de l’Arizona, mais ils se sont uniquement exercés sur des simulateurs de vol, a assuré le Pentagone, expliquant qu’il s’agissait d’évaluer la qualité de leur formation initiale.

« Une coalition pour les avions »

Ces formations préfigurent-elles la fourniture à l’Ukraine d’avions de combat occidentaux ? C’est en tout cas le vœu et l’espoir de M. Zelensky, dont les troupes préparent actuellement une contre-offensive destinée à reprendre les territoires occupés par les Russes.

« Nous voulons créer une coalition pour les avions, et je suis très optimiste à ce sujet (…), je pense que cela va arriver très prochainement. Vous allez apprendre des décisions que je crois très importantes », a déclaré le président ukrainien devant la presse, lors de sa visite au Royaume-Uni. Selon les analystes, l’Ukraine aimerait recevoir des chasseurs F-16, un appareil américain polyvalent et présent en grand nombre dans les armées de l’air occidentales. Pour l’instant, Kiev ne dispose que d’anciens appareils d’origine soviétique, principalement des Mig-29 et des Soukhoï Su-27.

Ces annonces interviennent alors que les alliés occidentaux amplifient leur soutien militaire à l’Ukraine. Ces derniers jours, le Royaume-Uni a annoncé la fourniture aux troupes de Kiev de missiles à longue portée Storm Shadow, une première depuis le début du conflit, ainsi que de « centaines de drones » d’attaque.

De son côté, la France s’est engagée à équiper « plusieurs bataillons »ukrainiens, dans les semaines à venir, « avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC »« Maintenant se joue beaucoup. Le succès de la contre-offensive sera déterminant », a justifié Emmanuel Macron.