Le Bourget: les commandes à quel prix ?

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Le Salon du Bourget a ouvert ses portes, l’occasion pour les avionneurs de mettre en avant d’importantes commandes et donc de se mettre en lumière. Il est toutefois nécessaire de rappeler que ces contrats parfois particulièrement importants ne sont pas le fait du Salon lui-même. Les négociations pour l’achat d’un nouvel avion font partie d’un long travail de sélection et sont le résultat d’âpres négociations. Un transporteur peut en effet obtenir des rabais significatifs de l’ordre de 50% par rapport au prix catalogue de l’avionneur. Cela explique pourquoi seul ce dernier est avancé, tandis que le prix réel reste confidentiel.

L’intérêt des annonces

Hormis la concurrence d’image que se livre Airbus et Boeing et exploitée par certains comme une « guerre » des constructeurs, l’intérêt d’une annonce importante est surtout de reflet du marché des nouveaux avions et donc de la santé de celui-ci. L’image d’un transporteur qui se modernise est également profitable à son image, mais également pour ses investisseurs. L’annonce est également intéressante pour les sociétés de tourisme et autres voyagistes lorsqu’il faut proposer un vol préférentiel sur un avion récent et donc moins polluant.

Source: Le Monde

IndiGo passe une commande record de 500 Airbus A320

Avec ce contrat, la compagnie indienne devient le plus important acquéreur de A320 avec 1 330 exemplaires commandés ou déjà livrés

Guy Dutheil

C’est un moment historique ! », s’est exclamé avec une pointe d’émotion Guillaume Faury, PDG d’Airbus. Il faut dire que l’avionneur européen venait de créer, lundi 19 juin, la première grosse sensation du 54e Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (Seine-Saint-Denis) avec l’annonce d’une commande ferme de cinq cents moyen-courriers A320 par la compagnie aérienne indienne à bas coûts IndiGo. Un contrat évalué à plus de 44 milliards d’euros. « C’est un jour que je n’oublierai pas », a commenté Christian Scherrer, directeur commercial d’Airbus, un peu ému lui aussi. « Il s’agit de la plus grosse commande de l’histoire de l’aviation » pour un seul type d’avion, s’est félicité le patron d’Airbus.

Fort de ce nouveau contrat, IndiGo devient le plus gros client d’Airbus, avec 1 330 appareils A320 commandés ou déjà livrés. Suivant à la lettre le business modèle des compagnies à bas coût qui privilégie un seul type d’avion, le plus récent possible, pour réduire au minimum les coûts de maintenance et de formation des équipages, pilotes comme personnels navigants commerciaux –, IndiGo n’a commandé que des Airbus depuis sa création, en 2006.

Croissance de la population

Avant même ce nouveau contrat, IndiGo s’est déjà adjugé la place de numéro un des compagnies en Inde. A elle seule, avec sa flotte de trois cents appareils, elle détient déjà près de 40 % de parts du marché indien. La nouvelle commande « est un très fort signal de la montée en puissance du marché indien, notamment domestique », a précisé M. Scherrer. « Le marché indien est l’un des plus rapides. Il deviendra la troisième économie au monde et c’est juste le commencement », s’est écrié Pieter Elbers, ancien directeur général de KLM et aujourd’hui PDG d’IndiGo. Le dirigeant faisait référence à la croissance de la population indienne, qui a dépassé le seuil du 1,4 milliard d’habitants.

Avec Pieters Elbers aux commandes, IndiGo veut aller vite. « La compagnie va doubler de taille à la fin de la décennie », a précisé l’ex-patron de KLM. Surtout, ajoute-t-il : « Cette commande nous aide à planifier notre développement. » En pratique, les premiers appareils de cette commande commenceront d’être livrés seulement à partir de 2030 et jusqu’en 2035. Ce n’est qu’à partir de la réception du premier exemplaire qu’IndiGo précisera ses choix entre l’A320 Neo et les différents modèles d’A321 Neo, notamment la version XLR. Celle qui permet aux compagnies d’opérer des destinations long-courriers avec un moyen-courrier. Airbus est bien conscient qu’« à court terme, son challenge, c’est la montée en cadence », convient M. Faury. Pour ne pas casser sa chaîne de fournisseurs, Airbus doit augmenter progressivement son rythme de production. Il prévoit de sortir de ses chaînes d’assemblage 65 exemplaires mensuels en 2024 puis 75 avions par mois en 2026. In fine, a précisé le PDG d’Airbus, l’objectif est de produire environ « 4 500 avions entre 2030 et 2035 ». M. Faury est sûr de son fait : « Nous ne sommes pas surbookés pour la prochaine décennie. » L’avionneur peut donc prendre de nouvelles commandes.

Tenir le rythme de production

A l’examen, la commande miracle d’IndiGo ne doit rien au hasard. Elle fait suite au contrat géant passé par Air India, la rivale de la compagnie à bas coût. En février, elle avait passé commande de 470 avions, partagée entre Airbus (250) et Boeing (220). A l’avenir, IndiGo va devoir affronter une Air India totalement relancée après son rachat par le groupe indien Tata. L’objectif des compagnies indiennes est d’imposer le sous-continent comme un hub entre l’Asie et l’Europe. Avec ses commandes géantes, l’Inde va tenter de rivaliser avec la Turquie et les compagnies du golfe comme Emirates.

Une concurrence qui va faire le bonheur d’Airbus comme de Boeing. « Le potentiel est énorme », se réjouit déjà M. Faury. Il faut dire qu’en Inde moins de 10 % des habitants ont un passeport. Pour tenir le rythme de production, le patron de l’avionneur exclut toutefois d’ouvrir une usine dans le pays. « Pas question d’ouvrir une ligne d’assemblage final dans tous les pays où nous vendons des avions », a-t-il ironisé. Airbus se satisfait des dix lignes d’assemblage d’A320, à Hambourg (Allemagne), Toulouse, Tianjing (Chine) et à Mobile (Alabama). « C’est assez pour le moment ! », a assuré M. Faury.