Source: Le Monde
Son premier emblème comportait trois drapeaux sur ses ailes déployées, la croix blanche des Danois, la bleue des Norvégiens et la jaune des Suédois. Les Scandinaves n’ont pas attendu l’Europe pour unir leurs intérêts. Dès 1946, ils ont fusionné leurs compagnies nationales dans un seul pavillon, celui de SAS, détenu par les trois Etats. Un partage de souveraineté très symbolique, que les crises successives et le Covid-19 ont fait voler en éclat. En 2018, la Norvège a vendu ses actions et, en 2022, la Suède a refusé de participer à un énième plan de sauvetage, précipitant la compagnie sous la protection de la loi américaine sur les faillites.
Seul le Danemark persiste. Il participe au nouveau tour de table, qui aura comme premier actionnaire un fonds d’investissement américain, Castlelake, et fait entrer par la grande porte le groupe Air France-KLM. Sur un total d’apport d’un peu plus de 1 milliard d’euros, la majorité sera apportée par Castlelake, qui détiendra 32 % du capital, suivi de l’Etat danois, avec 26 %, et de la compagnie franco-néerlandaise, à 20 %.
Une opération stratégique pour Air France-KLM, qui, en investissant juste 145 millions d’euros, récupère un allié de poids. SAS, membre fondateur de Star Alliance, le réseau de Lufthansa, va rejoindre le rival Skyteam. Mais, surtout, la maison mère d’Air France dispose d’une option pour devenir l’actionnaire de contrôle du scandinave dans deux ans. Un sacré retournement pour une entreprise qui a perdu 11 milliards d’euros dans la crise sanitaire, a été sauvée par l’Etat français et se retrouve aujourd’hui, après bientôt deux exercices bénéficiaires, en position de participer à la fin de la consolidation du ciel européen.
Au gré des crises successives, les compagnies nationales détenues par leurs Etats rendent les armes, dans un métier aux marges très incertaines et aux concurrents low cost redoutables. Air France avait ouvert la voie en se mariant avec le néerlandais KLM, puis British Aiways avait fait de même avec l’espagnole Iberia, et Lufthansa a gobé les compagnies suisses, autrichiennes et belges avant de reprendre l’ex-Alitalia. Le 28 septembre, le gouvernement portugais a annoncé mettre en vente TAP, son pavillon très actif en Amérique latine. Les trois géants du ciel européen, à peine remis de la crise du Covid-19, sont déjà sur les rangs. Ce sera la dernière pièce de choix.
Source: Les Echos