Aura ERA avion régional à propulsion hybride

ERA

Source Le Monde du 20/12/2023

Première commande d’avions électriques hybrides pour Aura Aero

La start-up toulousaine souhaite s’ancrer aux Etats-Unis avec son aéronef, dont le prototype sortira en 2026

Audrey Sommazi

TOULOUSE – correspondance

L’avionneur toulousain Aura Aero a annoncé, mardi 19 décembre, avoir décroché une commande de cinquante exemplaires de son avion électrique hybride appelé ERA (pour Electric Regional Aircraft) et de cent options supplémentaires de ce petit appareil destiné au transport régional de passagers et de marchandises auprès de JSX, une compagnie aérienne américaine basée à Dallas (Texas). Equipé de huit moteurs électriques fixés sur une voilure haute et de batteries, cet aéronef de dix-neuf places – disponible en plusieurs versions (cargo, passager, militaire) – est capable de décoller sur des petites pistes de 800 mètres et de parcourir, avec une autonomie d’une à deux heures, jusqu’à 1 200 kilomètres. ERA totalise 500 intentions de commande d’une valeur globale estimée à plus de 7 milliards d’euros.

« On change d’échelle », observe, satisfait, Jérémy Caussade, l’un des trois fondateurs d’Aura Aero et président de l’entreprise née en 2018. « Ces commandes sont la preuve qu’on ne vend pas du rêve. On est bien avancés et positionnés sur le marché de l’avion bas carbone », assure-t-il, décochant, au passage, une flèche à destination de ses concurrents. Car, sur le secteur du petit avion vert, Aura Aero n’avance pas seul. D’autres start-up, souvent domiciliées à Toulouse, projettent, elles aussi, de fabriquer leur engin. En attendant, elles se livrent à une bataille de communication, à coups de communiqués de presse interposés, pour démontrer la viabilité de leur concept. « Notre industrie est sérieuse et on est pragmatiques dans ce qui doit se faire », martèle Jérémy Caussade.

Gabarit en bois

Un accord de coopération a également été conclu, en novembre, entre le constructeur toulousain et Republic Airlines, une compagnie aérienne nord-américaine qui opère pour American Eagle, Delta Connection et United Express, portant sur plusieurs exemplaires d’ERA dont le nombre n’a pas été dévoilé. Ces deux intentions permettent à Aura Aero de se lancer sur le sol américain. « C’est un début pour s’ancrer localement », affirme le patron, un ancien salarié d’Airbus et d’Airbus Helicopters. 

L’avionneur, qui a fondé un bureau, Aura Aero Inc, dont les locaux sont installés à Daytona Beach, en Floride, prévoit de recruter une dizaine de salariés début 2024. « Nous cherchons des locaux industriels et, pour y parvenir, nous mettons en concurrence les Etats. Nous comparons leurs aides, leurs bassins d’emploi… », précise-t-il.

Pourtant, sur le site de l’ancienne base militaire de Francazal, aux portes de Toulouse, sous les 10 mètres de hauteur du hangar militaire 7 de 6 000 mètres carrés, entièrement réservé à la production industrielle, pas de trace d’ERA. Pour l’heure, seul le gabarit en bois du fuselage est monté dans une salle d’un autre hangar, installé à l’autre bout de la plate-forme aérienne. Car le vol du premier prototype est attendu à l’horizon 2026, les premières livraisons pour la fin 2028.

Mais, en interne, on s’active pour se mettre en ordre de marche et franchir les étapes, une à une. La première concerne le recrutement alors que l’aéronautique peine à trouver des bras. « On arrive à trouver des gens dont on a besoin et motivés pour aller au combat », assure Jérémy Caussade qui, en 2023, a embauché 150 personnes, portant l’effectif total d’Aura Aero à 250 salariés.

La seconde étape est le financement. Un prem​ier tour de table auprès d’actionnaires privés, minoritaires au capital, et publics (Bpifrance, la société de capital-risque Innovacom ou la société d’investissement de la région Occitanie, Aris…) a permis de collecter la somme de 55 millions d’euros en novembre. « Le financement a été bouclé, mais ce fut compliqué et long », admet Jérémy Caussade. « Car, en France, il existe des fonds d’investissement industriels qui injectent de l’argent dans les start-up, mais pas suffisamment », regrette-t-il, tout en envisageant un nouveau tour de table en 2024, d’un montant de 100 millions d’euros.

Une partie de ce montant sera investie dans la construction d’une grande usine, d’une surface maximale de 50 000 mètres carrés, toujours sur le site de Toulouse-Francazal, sur un terrain appartenant à Toulouse Métropole avec accès direct aux pistes de l’aéroport, et dans l’outil industriel. Le premier coup de pioche de l’Aura Factory, c’est son nom, sera donné en 2025, et le site sera capable de produire en série jusqu’à cinquante appareils ERA par an dès 2030.

https://www.aerotime.aero/articles/jsx-orders-332-hybrid-electric-aircraft-from-electra-aura-aero-heart-aerospace?