eVTOL: Hyundai investit

Source: Les Echos

Source: Le Monde

Le taxi volant de Hyundai prend forme

Dans le Nevada, l’entreprise sud-coréenne a dévoilé un appareil à décollage vertical pouvant emporter quatre passagers

J.-M. N.

LAS VEGAS (NEVADA)

Ce n’est pas tout à fait un avion, plus vraiment un hélicoptère, et pas encore un drone. Le premier taxi volant de Supernal, une division du groupe sud-coréen Hyundai, est pourvu de quatre paires d’hélices qui lui permettent de décoller à la verticale avant de pivoter pour avancer à l’horizontale.

Appartenant à la catégorie des e-VTOL − pour Electric Vertical Take-off and Landing, à savoir des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, dotés d’une propulsion électrique −, le S-A2 est sagement resté cantonné au bâtiment du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas (Etats-Unis), où il était exposé pour la première fois, du mardi 9 au vendredi 12 janvier.

Conçu par une société qui compte 600 salariés et s’est établie à Washington, à proximité du quartier général de la très sourcilleuse Federal Aviation Administration, le S-A2 va lancer ses premiers essais fin 2024, dans l’Etat de Californie. L’engin pourrait obtenir une certification des autorités pour une mise en service commercial prévue en 2028, un sésame qui non seulement lui ouvrirait le vaste marché américain, mais lui permettrait aussi d’obtenir plus facilement l’autorisation de voler sous d’autres cieux.

Ce taxi aérien peut embarquer quatre passagers et un pilote à une vitesse de croisière proche de 200 kilomètres par heure et à une altitude de 1 500 pieds (457 mètres), sur une distance comprise entre 45 et 70 kilomètres en fonction de la charge transportée.

Il peut évoluer par mauvais temps et ses batteries – dont les caractéristiques n’ont pas été communiquées –, placées à l’arrière du fuselage, dont la dérive a été dessinée en forme de V, peuvent être remplacées afin que soient intégrées les améliorations technologiques les plus récentes. L’habitacle au design délibérément minimaliste baigne dans une lumière qui se modifie au gré des phases de vol.

Alors que Stellantis s’est associé avec la start-up californienne Archer Aviation pour construire ses avions Midnight et que le chinois XPeng a présenté au CES une spectaculaire voiture volante capable de déployer ses ailes dotées d’hélices, les dirigeants de Supernal assurent ne pas chercher à être les premiers à décrocher l’autorisation de faire voler ce genre d’appareil destiné à désengorger les zones urbaines paralysées par le trafic routier.

Obstacles

Ils affirment vouloir proposer « le bon produit pour le bon marché » en concevant, assure Jaiwon Shin, le président de la compagnie, « le mode transport le plus sûr au monde ». Dans cette optique, Supernal a recruté l’ancien numéro deux de la sécurité au sein de l’Association internationale du transport aérien. A terme, il est envisagé de se passer de pilote et de transformer l’appareil en un drone de transport, mais aucune échéance n’est évoquée pour le moment.

Jaiwon Shin, qui a passé onze années au service recherche et développement de la NASA, table sur la production de « plusieurs dizaines de milliers d’unités » du S-A2, dont il évalue le coût de fabrication « entre 2,5 millions et 4 millions d’euros ». Avant d’en arriver à ce stade, il faudra également concevoir un écosystème particulier autour des taxis volants électriques. En particulier des « vertiports » où ces appareils pourront se poser – et se recharger –, ainsi qu’un système de régulation du trafic aérien à basse altitude, puisqu’ils devront suivre les couloirs réservés aux hélicoptères.

Sur la route du VTOL électrique se dressent d’autres obstacles, comme est venue le rappeler la levée de boucliers suscitée par l’expérimentation d’une ligne de taxis volants envisagée à l’occasion des Jeux olympiques de Paris (qui se tiendront du 26 juillet au 11 août). Porté par Groupe ADP, avec la RATP et la région Ile-de-France autour du e-VTOL biplace de l’allemand Volocopter, ce projet a mis en évidence la question de l’acceptabilité sociale de ces aéronefs.

Mi-novembre 2023, le Conseil de Paris a fustigé ce programme, que les élus de la capitale considèrent comme une « aberration écologique ». Pour leur part, les dirigeants de Supernal soulignent que leur volonté est de « démocratiser le transport aérien en milieu urbain », avec un véhicule présenté comme une alternative à la mobilité terrestre et le premier pas vers un service comparable à une sorte d’« Uber des airs ». Ils insistent aussi sur le fait que la signature sonore du S-A2 n’excède pas 65 décibels au décollage et 45 décibels en vol. Ce qui, font-ils valoir, « ne le rend pas plus sonore qu’un lave-vaisselle ».