Des sièges ultralégers

Source: Le Monde

Expliseat souhaite décarboner les transports

La PME française, qui fabrique des sièges ultralégers pour les avions et les trains, a ouvert sa première usine de montage, près d’Angers

B. Bo.

Sur la façade apparaît encore la signalétique en allemand de l’ancien occupant des lieux, le fabricant d’ouvrants industriels Hörmann. Start-up il y a encore quelques mois, Expliseat compte désormais parmi les PME industrielles françaises. L’entreprise de conception de sièges de transport ultralégers, fondée en 2011, vient de franchir une étape cruciale de son développement, avec l’inauguration, vendredi 13 septembre, de sa première usine d’assemblage à Avrillé (Maine-et-Loire), près d’Angers.

La société, qui fournit l’aviation, a une ambition en tête : prendre sa part dans la réindustrialisation nationale, et intégrer le top cinq mondial des acteurs sur ce marché, estimé à 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros), qui comprend notamment le français Zodiac (groupe Safran), l’allemand Recaro et l’américain Collins.

Fabriqués en titane et composite de carbone, les fauteuils d’Expliseat sont 40 % plus légers que les sièges d’avion classiques en aluminium et en plastique – 6 kg en moyenne, contre près de 9 kg. Le transport aérien vise la neutralité carbone en 2050, en comptant surtout sur le développement des carburants durables.

En allégeant le poids des sièges, Expliseat propose de réduire la masse globale des avions (entre 700 et 1 500 kg, selon le type d’appareil) et leur empreinte carbone – de 3 % à 7 % d’émissions de CO en moins par passager. « Notre offre combine à la fois une rentabilité financière pour nos clients, qui font des économies de carburant, et un impact immédiat sur le climat », explique son PDG, Amaury Barberot.

Axe de diversification

A ce jour, l’entreprise a écoulé plus de 10 000 sièges, qui sont actuellement installés en classe éco dans des avions moyen-courriers au Canada, en Inde, aux Philippines… Elle en prévoit 10 000 supplémentaires d’ici à la fin de 2024. Jusqu’à présent, l’assemblage des sièges était sous-traité à un partenaire situé à Montauban. Désormais, l’usine angevine prévoit de porter sa capacité de production de 25 000 à 37 000 sièges par an.

Parmi ses clients figurent les principaux constructeurs aériens : Airbus, Boeing, Dassault, Bombardier… En mars, Expliseat a conclu un contrat avec Air France pour équiper la flotte d’Embraer 190 de sa filiale régionale Hop !. « Notre carnet de commandes est rempli jusqu’en 2028, avec plus de 40 millions d’euros de contrats », précise M. Barberot. L’aéronautique n’est pas le seul débouché. Le ferroviaire est aussi un axe de diversification, avec deux contrats de recherche et développement signés avec la SNCF, et un nouveau siège censé équiper les trains Ouigo fin 2025.

Le site d’Avrillé se veut exemplaire sur les plans environnemental, technologique et social. « Nous avons voulu reprendre un site déjà existant pour éviter d’artificialiser de nouveaux sols », explique Amaury Barberot. D’une superficie de 6 000 mètres carrés, l’usine accueille une ligne de production automatisée, et quarante salariés, ingénieurs et opérateurs de production, y travaillent aux 35 heures sur une semaine de quatre jours – en plus de soixante employés au siège parisien. « Il y a dix-huit mois, nous n’étions que 30 personnes en tout. Nous sommes désormais 100 et nous prévoyons d’être 180 en 2026, dont les deux tiers à Avrillé », détaille le PDG.

Pour passer à l’échelle industrielle, Expliseat a remporté l’appel à projets « première usine » du plan d’investissement France 2030, et bénéficié d’une aide de 1,5 million d’euros de la région Pays de la Loire ainsi que d’une levée de fonds de 17 millions d’euros en 2023. Au rang des investisseurs se trouvent l’opérateur public Bpifrance, BNP Paribas, ainsi que les fonds Go Capital et NCI.