Un sous-traitant d’Airbus en Inde

La société basque Lauak s’installe dans le sud de l’Inde

Ce spécialiste de la chaudronnerie et de la tôlerie pour avions a créé une filiale afin d’accompagner son client Airbus

Michel Garicoïx

BAYONNE – correspondant

C’est à Bangalore, métropole de 13 millions d’habitants dans le sud de l’Inde, que Lauak a décidé de vivre son aventure indienne. Le sous-traitant aéronautique basque a lancé, cet été, sa filiale Lauak India dans cette agglomération réputée pour ses entreprises d’informatique, mais qui est également un pôle important d’aéronautique dans cet immense marché qu’est l’Inde pour l’aviation civile.

Les compagnies indiennes Air India et IndiGo ont, début 2023, passé des commandes massives, jamais vues dans le secteur, auprès de Boeing et d’Airbus (A320 et A350) : un total de quelque 500 appareils chacune à livrer entre 2030 et 2035. Selon la loi indienne, une partie des pièces nécessaires à ces aéronefs doit être usinée en Inde. Une occasion qu’a relevée Lauak, sous-traitant de premier rang d’Airbus. 

Ce groupe installé près de Bayonne (Pyrénées-Atlantique) emploie pour ses activités de chaudronnerie, de tôlerie et d’assemblage aéronautiques environ 1 850 personnes, et il compte boucler l’année sur des ventes consolidées d’au moins 190 millions d’euros.

« Notre implantation en Inde a commencé en 2019, raconte Mikel Charritton, cogérant de Lauak. Lors de cette première étape, nous avons conclu une joint-venture, Lauak Cimtools Aerospace (LCA), avec un partenaire local, Cimtools. Par l’entremise de LCA, nous visions l’usinage de pièces dans la chaudronnerie et le soudage, Airbus ayant nombre de compagnies clientes dans le sous-continent. » Un choix qui correspond à la stratégie internationale de la société basque présente, en plus de l’Europe, au Mexique et au Canada.

Métaux durs

En août, le plan se précise et l’entreprise décide de voler de ses propres ailes : Lauak acquiert 100 % des parts de sa filiale indienne, son associé Cimtools ayant été racheté par le groupe indien Motherson, tourné, lui, vers l’industrie automobile. « Pas de problème avec les autorités, puisque ce n’est pas du militaire, précise M. Charritton, et nous accélérons dès lors la marche de Lauak India. »

Sur le pôle aéronautique de Sez Park, près de l’aéroport de Bangalore, est en train d’être agrandi et aménagé pour 2025 un site de soudage et de chaudronnerie qui, après les phases d’équipement pour le travail des métaux durs, de formation, de management et d’investissements, inclura l’assemblage, soit à terme 200 personnes. Aux côtés du bâtiment blanc et noir de Lauak, une cinquantaine de sociétés, indiennes ou étrangères, ont choisi ce pôle. Par exemple, Hindustan Aeronautics, qui, fin août, a conclu un accord avec Safran : ensemble, ils développeront le moteur Aravalli, qui équipera des hélicoptères.

L’usine Lauak dans l’Etat indien de Karnataka rejoint ainsi les sept autres implantations du groupe : Hasparren (Pyrénées-Atlantiques) ; Saint-Germé et L’Isle-Jourdain, dans le Gers ; Setubal et Grandola, au Portugal ; Queretaro, au Mexique ; et Montréal, au Canada.

En Pays basque rural, Hasparren (« les quatre », en basque, qui fait référence aux quatre fondateurs) est et reste le berceau de Lauak : c’est là qu’en 1975 Jean-Marc Charritton, le père de Mikel, et ses associés avaient lancé un atelier de chaudronnerie, avec Dassault comme premier client. 

Au fil d’autres contrats avec Airbus, Embraer, Latecoere, Bombardier, Liebherr ou Safran, l’entreprise familiale grossit en se concentrant essentiellement sur l’aéronautique civile. Et si la crise sanitaire due au Covid-19 lui a fait traverser un trou d’air, l’engouement pour l’Airbus A320 l’a durablement relancée. D’ailleurs, M. Charritton recherche toujours des candidats pour une soixantaine de postes à pourvoir à Hasparren.

Source: Le Monde