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Le Royaume-Uni rêve du retour du dirigeable
Julie Zaugg
Source: Le Monde
Oblong, muni d’ailerons à son faîte et sur ses côtés, le dirigeable ressemble à un gros requin blanc. La production de cet engin, appelé Airlander 10, démarrera d’ici 2027 dans une usine en cours de construction à Doncaster, dans le Yorkshire, a annoncé, fin 2024, la société Hybrid Air Vehicles (HAV). Elle projette d’en produire 24 par an, avec une mise en service prévue pour 2029. Un prototype a déjà effectué six vols d’essai.
D’une longueur de 98 mètres, chaque dirigeable pourra transporter 100 passagers ou 10 tonnes de fret, voyager à une vitesse maximale de 130 km/h, selon l’entreprise fondée en 2010. Muni de quatre moteurs V8, le dirigeable tire 60 % de sa portance de l’hélium contenu dans l’enveloppe trilaminée qui entoure une coque de près de 92 mètres, détaille-t-elle sur son site Internet. Cela permet à l’Airlander 10, qui peut rester en l’air durant cinq jours et s’amarre à un simple mât, de consommer 75 % de CO2 en moins qu’un avion de ligne, selon HAV. D’ici à 2030, la société dit vouloir développer une version électrique, alimentée à l’hydrogène, qui réduirait son empreinte carbone de 90 %.
Défi financier
Plusieurs clients ont déjà manifesté leur intérêt. La compagnie d’aviation espagnole Air Nostrum a passé commande pour 20 Airlander 10, qui lui serviront à effectuer des trajets en mer Méditerranée. L’agence de voyages française Grands Espaces, spécialisée dans l’exploration polaire, s’y intéresse aussi. « Nous avons commencé à étudier des itinéraires », indique Christian Kempf, son fondateur.
Il a imaginé un programme de voyage au Groenland avec des pauses sur la banquise et des visites de communautés isolées. Il étudie aussi des parcours en Afrique et dans les pays du Golfe. « L’avantage d’un dirigeable, c’est qu’on peut se promener avec, en parcourant de vastes distances au sein d’un parc naturel à basse altitude », détaille-t-il.
Le fret représente un autre débouché. Plus rapide qu’un train ou un navire, l’Airlander 10 est moins onéreux à opérer qu’un avion. L’entreprise de logistique suisse Kuehne + Nagel fait partie des sociétés intéressées, a annoncé HAV en avril. Une version longue de 120 mètres, capable de porter 50 tonnes de fret, est à l’étude, selon la société. L’américain Vertex Aerospace, le britannique BAE Systems et le français Dassault ont pour leur part noué des accords de collaboration avec HAV, respectivement en 2021, 2023 et 2024, pour des applications militaires, notamment dans le domaine de la surveillance, a indiqué la société.
Mais avant que les engins futuristes de HAV ne prennent leur envol, ils devront surmonter un défi financier. HAV a levé 140 millions de livres (162 millions d’euros), selon les comptes qu’elle a publiés en début d’année. Mais elle a besoin de 300 millions de livres supplémentaires pour mener à bien le développement de l’Airlander 10, a-t-elle indiqué. Début mai, elle a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Crowdcube, qui lui a permis de réunir 900 000 livres de la part de 547 personnes. En échange, ces dernières obtiendront un ticket sur l’un des vols inauguraux de l’Airlander, d’une valeur de 750 livres.