La lune, SpaceX, Blue Origin et la NASA

Mission habitée vers la Lune : la NASA mise sur la firme d’Elon Musk

Dominique Gallois. Le Monde du 20-04-2021

SpaceX était en lice avec la société de défense Dynetics et Blue Origin, de Jeff Bezos

Avant Mars, la Lune. Quand, en 2002, Elon Musk a fondé SpaceX dans le but de conquérir la Planète rouge, personne n’y croyait. Au mieux, ce jeune trentenaire était considéré comme un plaisantin n’ayant aucune expérience dans le domaine spatial. Dix-neuf ans plus tard, il est devenu l’acteur incontournable, celui qui donne le ton, en ayant développé ses propres fusées réutilisables et ses satellites pour diffuser l’Internet haut débit partout sur la planète. 

Surtout, il a permis, en 2020, de faire repartir du sol américain des vols habités grâce à sa capsule Crew Dragon, ce qui n’était plus arrivé depuis 2011. Un vaisseau identique devrait emmener, jeudi 22 avril, quatre astronautes, dont Thomas Pesquet, vers la Station spatiale internationale.

Contrat de 2,9 milliards de dollars

Tous ces développements ont été effectués avec le soutien de la NASA. Et c’est elle, justement, qui vient de lui confier le soin de faire se poser sur la Lune, en 2024, sa fusée Starship, laquelle amènera à nouveau des hommes sur l’astre sélène, dont le sol n’a plus été foulé depuis la fin du programme Apollo, en 1972. Le contrat de 2,9 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) a été attribué, vendredi 16 avril, dans le cadre du programme Artemis.

SpaceX était en lice avec deux rivaux, l’entreprise de défense Dynetics et Blue Origin, la société de Jeff Bezos. Pour cela, le patron d’Amazon s’était associé à Lockheed Martin, Northrop Grumman et Draper. « Nous devrions accomplir le prochain atterrissage le plus tôt possible », a déclaré Steve Jurczyk, administrateur par intérim de la NASA lors d’une vidéoconférence. « Si les essais franchissent toutes les étapes, nous avons une chance pour 2024. ». Un vol d’essai à vide aura lieu avant d’embarquer des passagers.

Si tout se passe bien, dans trois ans, l’agence spatiale américaine envisage de faire décoller une fusée lourde SLS (Space Launch System) de Cap Canaveral, en Floride, avec quatre astronautes à bord d’une capsule Orion, qui s’amarrera ensuite à une station orbitale lunaire appelée Gateway. La fusée Starship d’Elon Musk attendra, prête à recevoir deux membres de l’équipage pour les conduire sur la Lune. Le vaisseau se posera alors à la verticale, comme la fusée de Tintin, pour pouvoir redécoller ensuite et ramener les astronautes vers la station une fois leur mission accomplie. Celle-ci devrait durer une semaine. Le retour sur Terre s’effectuera à bord d’Orion.

Toutefois, ce lanceur en est encore au stade de prototype et, depuis décembre 2020, les quatre lancements tests se sont, pour l’heure, tous soldés par des explosions, en vol ou peu après l’atterrissage. Cela ne décourage pas Elon Musk, ses premières fusées Falcon ayant connu les mêmes déboires avant leur exploitation commerciale, qui se déroule aujourd’hui presque sans faille. Il en a été de même pour les étages réutilisables.

Parallèlement, le milliardaire américain poursuit toujours son objectif d’aller sur Mars. Il envisage de combiner son vaisseau spatial Starship avec sa fusée Super Heavy, afin de créer un engin de 120 mètres de haut, le plus puissant véhicule de lancement jamais déployé.