Lorsque le jeudi 13 décembre 1973 le General Dynamics YF-16 roula pour la première fois son concepteur annonça triomphalement qu’environ un mois et demi plus tard il volerait. Sur le papier Robert H. Widmer avait raison, ce premier vol était planifié pour le samedi 2 février 1974. Cependant entre temps l’avion devait réalisé plusieurs essais de roulage, afin de s’assurer qu’à l’instant T il pourrait parfaitement s’envoler. Après tout au-delà des chasseurs c’est le but de tout avion que de… voler.
Donc dans les jours qui suivirent les pilotes d’essais de General Dynamics et d’Edwards AFB rivalisèrent d’ingéniosité pour faire rouler, voire foncer le YF-16 sur le tarmac de la base. Foncer est vraiment le terme adapté à celui mené ce dimanche 20 janvier 1974 par Philip F. Œstricher. Le pilote doit s’assurer que l’avion puisse rouler à haute vitesse et lever son train avant sans toutefois que le train arrière ne quitte le tarmac. La vitesse visée par Widmer et ses ingénieurs est celle de 250 kilomètres heures. Les conditions météos sont alors idéales. Sanglé sur son siège éjectable Œstricher met les gaz. À 240 kilomètres heures il ressent des oscillations consécutives au roulis. Le pilote d’essais comprend alors que cela peut entraîner la destruction du prototype et choisit de remettre un peu plus les gaz et de lever le nez du YF-16. L’avion quitte alors le tarmac, il vole.
On aurait pu croire que ce premier vol impromptu allait nuire à la carrière du General Dynamics F-16 Fighting Falcon. Il n’en est rien. Cinquante ans après ce premier vol l’avionneur Lockheed-Martin poursuit l’aventure technologique de cette machine au travers du F-16V Viper. Cinquante ans après ce premier vol le F-16 est toujours d’actualité auprès de l’Ukraine. Cinquante ans après ce premier vol le F-16 continue de voler sous les couleurs des Thunderbirds. Cinquante ans après ce premier vol le F-16 demeure le chasseur standard des forces alliées. Cinquante ans après ce premier vol le F-16 mène toujours des actions de guerre.
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