Turquie: feu vert US pour des F-16 block 70

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extrait

La vente 

La vente comprend l’acquisition de 40 nouveaux avions F-16 au standard Block 70, ainsi que des kits de modernisation pour 79 F-16 existants. La Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a fourni la certification nécessaire, informant le Congrès de la vente approuvée.La vente approuvée implique un ensemble complet, avec Lockheed Martin, en tant qu’entrepreneur principal. L’équipement proposé comprend 40 nouveaux avions F-16, des kits de modernisation, des moteurs, des systèmes radar, des suites de guerre électronique, des munitions et divers éléments de soutien. Le département d’État a souligné que la vente s’aligne sur les objectifs de la politique étrangère des États-Unis et améliore les capacités aériennes et l’interopérabilité d’un allié de l’OTAN, contribuant ainsi à la sécurité et à la défense régionales. La vente proposée permettra à Turquie d’étendre et de moderniser sa flotte d’avions F-16 alors que les anciens avions F-16 approchent de la fin de leur durée de vie. Ces avions neufs et remis à neuf fourniront une flotte d’avions de combat multirôles modernisés pour lui permettre de défendre son espace aérien, de contribuer aux missions de l’OTAN pour préserver la sécurité régionale et défendre les alliés de l’OTAN, et de maintenir l’interopérabilité avec les forces américaines et de l’OTAN. La Turquie a des avions F-16 dans son inventaire et n’aura aucune difficulté à absorber ces avions et services dans ses forces armées », a déclaré l’annonce.

Source: Le Monde

Après un an de tensions, les Etats-Unis approuvent la vente de F-16 à la Turquie

La levée de l’opposition turque à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, le 23 janvier, a permis de convaincre les sénateurs américains, réticents à conclure un accord avec Ankara 

Piotr Smolar

WASHINGTON- correspondant

L’un des principaux motifs de tension et d’incompréhension entre les Etats-Unis et la Turquie est en passe d’être levé. Dans un communiqué, publié vendredi 26 janvier, le département d’Etat a annoncé qu’il approuvait formellement la vente de quarante avions de chasse F-16 et la modernisation de soixante-seize autres appareils similaires faisant déjà partie de la flotte turque.

Ce contrat d’un montant de 23 milliards de dollars (plus de 21 milliards d’euros) faisait l’objet d’âpres négociations depuis un an. La levée de l’opposition turque à l’adhésion de la Suède à l’OTAN a enfin permis de convaincre les sénateurs récalcitrants au Congrès – qui ont trente jours en principe pour exprimer leur appréciation – et à l’administration Biden de résoudre ce différend majeur avec un allié aussi important qu’imprévisible et désaligné.

Selon le département d’Etat, ce contrat permettra à Ankara d’assurer « la défense de son espace aérien, de contribuer aux missions de l’OTAN pour veiller à la sécurité régionale et défendre les alliés de [l’Alliance atlantique], et de maintenir l’interopérabilité avec les forces américaines et celles de l’OTAN ».

Les Etats-Unis, dans le même mouvement, débloquent une autre livraison d’ampleur, de 8,6 milliards de dollars : celle de quarante avions de chasse F-35 à la Grèce, rivale régionale historique de la Turquie. En outre, la Grèce « acquiert gratuitement un très grand nombre d’équipements qui renforcent de manière décisive les trois branches des forces armées, ainsi que les gardes-côtes grecs », a souligné Kyriakos Mitsotakis, le premier ministre. Il s’agit de frégates, de deux avions de transport C-130, de chars et de véhicules blindés.

Depuis de longs mois, le président turc, Recep Tayyip Erdogan – imité par le premier ministre hongrois, Viktor Orban –, bloquait l’extension de l’OTAN à la Suède. Le Parlement turc a donné son feu vert le 23 janvier, après de longues et noueuses tractations multilatérales, mêlant considérations politiques et militaires. La Hongrie demeure le seul membre de l’Alliance à bloquer le processus, Viktor Orban semblant décidé à obtenir lui aussi des concessions. En mai 2022, la Suède avait demandé son adhésion, ainsi que la Finlande, dans la foulée de l’agression russe contre l’Ukraine. Mais la Turquie accusait les deux pays de venir en aide sur leur sol à des militants kurdes affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation terroriste à ses yeux. Stockholm était aussi soupçonné d’islamophobie. Le 4 avril, la Finlande est devenue officiellement le 31e membre de l’OTAN. Il restait à ouvrir la porte à la Suède.

Chantage entre alliés

Outre ces considérations sécuritaires essentiellement destinées à son propre public, la récompense que Recep Tayyip Erdogan voulait obtenir de Washington, dans une forme de chantage stupéfiant entre alliés, était la modernisation de la flotte aérienne turque. La signature d’un contrat entre la Turquie et la Russie, en 2017, pour la livraison par Moscou du système de défense S-400, avait été considérée comme un geste inamical par Washington, qui menaçait l’interopérabilité entre les équipements turcs et ceux de l’OTAN. En 2019, l’administration Trump avait annulé la vente à Ankara d’avions F-35.

En février 2023, vingt-neuf sénateurs républicains et démocrates avaient adressé une lettre à Joe Biden, établissant noir sur blanc un lien – évident aux yeux de tous les observateurs – entre la livraison éventuelle de F-16 américains et la levée du blocage turc dans l’élargissement de l’OTAN. De son côté, Erdogan faisait mine de ne pas comprendre les subtilités des prérogatives du Congrès aux Etats-Unis, qui ne répond pas aux injonctions du pouvoir exécutif. Cette fois, l’obstacle parlementaire semble surmonté. Dans un communiqué diffusé vendredi, le sénateur démocrate Ben Cardin, président de la commission des affaires étrangères, a signalé qu’il n’avait pas pris cette décision « à la légère ».

Il a rappelé toutes les réserves bipartisanes que suscitait Ankara au Congrès. « Si la Turquie joue un rôle essentiel dans la région comme allié dans l’OTAN, il existe un besoin urgent d’amélioration dans ses pratiques en matière de droits de l’homme, dont l’emprisonnement injuste de journalistes et de leaders de la société civile, d’une meilleure coopération pour que la Russie rende des comptes pour son invasion en Ukraine, et d’une “baisse de température” dans sa rhétorique au sujet du Moyen-Orient », écrit le sénateur.

L’accession de M. Cardin à la tête de la commission, en septembre 2023, à la place de Bob Menendez, son collègue inculpé pour corruption au profit de l’Egypte, a permis de fluidifier le dialogue entre l’administration Biden et le Congrès.