Allemagne-France: la bisbille notamment sur le SCAF

Source: https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/france-allemagne-un-simple-probleme-de-couple.html

Extrait

À la base de cette crise larvée, trois reproches sont faits aux Allemands, qui peuvent se résumer en une formule : l’Allemagne d’abord.

Le premier reproche concerne la remise en cause unilatérale du partage des responsabilités en matière de programmes de défense entre la France et l’Allemagne, notamment sur l’avion du futur (SCAF) et le successeur du char Leopard. L’Allemagne après avoir négocié indéfiniment le partage des tâches, puis procrastiné sur le lancement des études, manifeste une désinvolture grandissante à l’égard de ces programmes et des engagements pris.

Second sujet de reproche, toujours sur les questions de Défense, le lancement récent d’un projet de bouclier antimissile fondé sur des technologies israéliennes et américaines. Outre le « trou dans la raquette » capacitaire, les justifications invoquées par le chancelier Scholz sont principalement financières, et invitent à relire différemment son discours de Prague en août dernier, quand il évoquait « un système moins cher et plus efficace que si chacun de nous construisait sa propre défense aérienne ». Certes, l’Allemagne a fédéré 15 partenaires européens. Mais le choix d’acheter un système sur étagère est contesté jusqu’en Allemagne par les industriels, et surtout il vient casser les perspectives de développement d’un projet franco-italien, sans parler d’un autre troisième projet développé par les Polonais. Entre l’Europe de la Défense telle que l’envisage Macron, avec le développement de capacités autonomes, et celle de Scholz, il y a une très nette différence, qui vient doucher les espoirs de voir l’Allemagne convertie à « l’autonomie stratégique ». Celle-ci conserve ses réflexes de pays client en matière de défense.

Pour défendre ses choix, et répondre aux reproches de son partenaire, l’Allemagne développe trois types d’arguments

Le premier est stratégique et géopolitique : en matière de défense et plus encore lorsqu’il s’agit d’enjeux nucléaires, revenus au premier plan avec les menaces de Poutine, c’est l’OTAN qui défend l’Europe ; dans un contexte où l’engagement américain n’est plus aussi assuré que par le passé, cela conduit à soigner le partenariat germano américain. D’où l’achat des F35, et non des Rafale, et d’où le peu d’entrain dans le développement du SCAF. À Berlin, on pointe aussi que l’Allemagne consacre des moyens considérables à sa défense, ce dont les Européens devraient se réjouir. Une faiblesse de la position française, ici, c’est qu’une partie des choix d’équipements est conditionnée par les armes nucléaires, et que l’autonomie de la France en la matière oblige à choisir entre des matériels français et américains. Le parapluie nucléaire américain est inséparable des F35.