Le SAF ?

https://www.avianews.ch/post/les-vols-avec-100-de-saf-se-multiplient?

extrait: “Nous avons effectué le premier vol en brûlant 100 % de SAF dans un seul moteur et nous répéterons le test avec les deux moteurs“, a déclaré Leonardo.

Source: Le Monde

AÉRIEN

Par Philippe Escande

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Les priorités changent vite ces dernières années. Ce fut la santé publique, puis celle des entreprises, le coût de l’énergie, l’inflation, le climat… C’est un peu pareil pour l’aérien. La crise sanitaire a stoppé en plein vol un secteur en forte ascension, avant qu’il ne ressuscite, se préoccupe de ses coûts de fonctionnement et, enfin, de son avenir climatique. Avec une nouvelle obsession, les carburants du futur.

Les prévisions de l’Association du transport aérien international (IATA), mercredi 6 décembre, donnent un aperçu spectaculaire de ces changements accélérés. Criblé de dette entre 2000 et 2022, le secteur est revenu quasiment à ses records de 2019, la meilleure année de son histoire.

Transition énergétique

En 2023, 4,3 milliards de passagers se sont pressés dans ses aéroports, et ils devraient être 4,7 milliards en 2024. La fortune est revenue d’un coup, avec des profits qui devraient dépasser, cette année, les 23 milliards de dollars (21,3 milliards d’euros).

Mais comme le propre d’un bon lobbyiste est de n’être jamais satisfait de son sort, l’IATA rappelle que cela n’aboutit qu’à une marge bénéficiaire ridicule de 2,7 %, celle d’un supermarché plutôt que d’un producteur de yaourts. Mais c’est une moyenne. Les compagnies américaines et du Golfe affichent une marge supérieure, dépassant les 4 %. La préoccupation du secteur se porte vers la transition énergétique et soulève un vrai problème pour la décennie à venir. Dans le cadre de la transition énergétique, le secteur s’est engagé à réduire de 5 % ses émissions de CO2 en 2030. Comme l’avion électrique n’est pas pour demain, cela signifie trouver un nouveau carburant « propre ». Il existe, c’est le SAF, le « sustainable aviation fuel »,issu de la biométhanisation, mais en quantité insuffisante, ce qui le rend hors de prix.

En 2022, on a produit 250 000 tonnes de carburant durable d’aviation dans le monde, ce chiffre a doublé en 2023 et devrait tripler en 2024. Mais c’est encore dix fois moins que ce qui serait nécessaire pour tenir l’objectif. Aujourd’hui, 3 % du produit des méthaniseurs qui embaument nos campagnes vont vers l’aviation, il faudrait que ce soit 30 %, plaident les compagnies.

Pour détendre le marché, l’IATA suggère d’aller au-delà de la matière première actuelle composée de graisse animale et d’huile usagée. Tout cela, dans des conditions environnementales correctes, par exemple, en évitant la déforestation de l’Indonésie pour importer de l’huile de palme. Quand les avions mettent le nez dans le fumier des méthaniseurs, c’est toute une économie qui est à construire.