Un nouvel Orly

Source: Le Monde

A Orly, un vaste réaménagement qui s’affiche décarboné

Le gestionnaire ADP revoit de fond en comble l’organisation et les accès de l’aéroport, et compte en particulier réduire la place de la voiture

Guy Dutheil

D’ici à 2035, Orly veut devenir un aéroport moins bruyant, moins polluant, mais aussi plus respectueux du bien-être des passagers comme des riverains. C’est en tout cas le sens du « nouveau projet d’aménagement Paris-Orly 2035 », présenté mercredi 21 février par Augustin de Romanet, PDG du groupe ADP, gestionnaire des trois aéroports parisiens, d’Orly, du Bourget et de Roissy-Charles-de-Gaulle.

Le projet sera lancé lundi 26 février. Pour l’occasion, ADP a souhaité organiser « une concertation publique volontaire », jusqu’au 26 mai, pour recueillir l’avis des riverains, des usagers et des collectivités territoriales qui bordent l’aéroport.

« Il faut aller vite ! », plaide Justine Coutard, directrice de l’aéroport d’Orly, car « les autorisations de travaux ou environnementales » mettent quinze mois en moyenne à venir. ADP aura besoin d’un grand nombre de feux verts pour créer les nouveaux accès à l’aéroport, en construisant « quatre grandes zones de stationnement avec des parkings à étages, qui seront les nouvelles portes d’entrée de l’aéroport », ajoute la patronne d’Orly.

Toutefois, un des enjeux pour ADP est de transformer Orly en modèle en matière de « décarbonation, de qualité de service et d’intégration territoriale ». Une initiative devenue une quasi-nécessité, car le trafic aérien est presque revenu, en 2023, à ses niveaux d’avant la pandémie liée au Covid-19. Les avions et, partant, les aéroports font partie des accusés du réchauffement climatique. Si leur croissance nourrit celle d’ADP, elle met aussi en cause sa responsabilité environnementale.

Modérer le trafic

ADP s’est fixé l’objectif de « zéro émission nette au sol dès 2030 », c’est-à-dire hors décollage et atterrissage des avions. Pour y parvenir, le gestionnaire table sur l’arrivée, dès 2024, au cœur d’Orly de la ligne 14 du métro parisien. Un argument de poids, espère-t-il, pour convaincre les passagers et les 25 000 salariés de la plate-forme, qui s’y rendent respectivement à 70 % et à 90 % en voiture, d’utiliser à l’avenir les transports en commun. Il faut dire que la voiture représente à elle seule 41 % des émissions de CO2 au sol de l’aéroport.

Outre la construction, en cours, d’un autre métro, la ligne 18, et l’extension d’une ligne de tramway, Orly compte mettre en œuvre « un transport collectif interne qui desservira toutes les zones d’activités sur le modèle du CDGVal », ajoute Mme Coutard. Elle considérera avoir gagné son pari si le nombre de passagers venus par les transports collectifs double et que quadruple celui des personnels qui auront délaissé la voiture.

Cette « décarbonation » d’Orly est une obligation, car c’est « une des plates-formes les plus urbanisées d’Europe », insiste la directrice, qui précise que, chaque année, elle doit gérer « la cohabitation d’Orly avec les riverains ». Pour rassurer ces derniers, ADP prévoit, d’ici à 2035, une stabilisation du nombre de mouvements au niveau de 2018, soit environ 229 000 par an.

Aujourd’hui, la réglementation limite à 250 000 le nombre maximal de décollages et d’atterrissages à Orly. Une modération du trafic qui devrait aller de pair avec ce que ADP nomme « une augmentation modérée du nombre de passagers accueillis, de l’ordre de + 16 % en 2035 par rapport à 2023 ». L’an passé, l’aéroport a accueilli 32,3 millions de passagers. Ils pourraient donc être 36 millions dans dix ans. Des prévisions qui, pour avoir une chance de devenir réalité, sont conditionnées au renchérissement du prix des billets d’avion et à la recomposition du trafic de l’aéroport, qui privilégiera les destinations européennes aux lignes intérieures. ADP table aussi sur des avions plus gros avec plus de passagers à bord.

Source: Les Echos