Surveillance maritime depuis l’espace

Source: Le Monde

Spatial : levée de fonds record pour Unseenlabs

La PME bretonne, acteur de la surveillance maritime, a récolté 85 millions d’euros

Dominique Gallois

Un record pour Unseenlabs. Mardi 27 février, la firme bretonne a annoncé une levée de fonds de 85 millions d’euros. Une opération parmi les plus importantes réalisées dans le « new space » français, cet écosystème de jeunes entreprises qui se développe dans le spatial. « Nous aurions très bien pu continuer à nous développer sans, reconnaît Clément Galic, le PDG. Cela va nous permettre d’accélérer notre développement. »

Sécurisation de zones maritimes, protection des fonds marins, lutte contre la pêche illégale, contre la piraterie… Installée à Rennes, la société, fondée en 2015, s’est spécialisée dans la surveillance maritime des navires par détection et géolocalisation de signaux de radiofréquence depuis l’espace à partir d’une technologie mise au point par Jonathan Galic, l’un des trois frères fondateurs aux côtés de Clément et de Benjamin. Alors que trois satellites sont nécessaires pour localiser un objet, par triangulation, il en suffit d’un seul avec leur solution, ce qui confère un avantage en matière de prix.

Onze de ces nanosatellites, pas plus gros qu’une boîte à chaussures et pesant 10 kilos, forment une constellation qui évolue en orbite basse entre 500 et 600 kilomètres de la Terre. Deux autres devraient être lancés en mars par une fusée Falcon 9, de SpaceX, depuis la base américaine de Vandenberg, en Californie. L’objectif est d’en déployer dix, d’ici à 2025, pour cette PME devenue premier fournisseur mondial de données de radiofréquence pour la surveillance maritime.

Pour l’heure, seul l’américain HawkEye 360 propose le même service et s’y emploie principalement pour la défense, « mais pas avec la même technologie », insiste M. Galic. Et c’est cet avantage d’avoir un seul satellite pour la géolocalisation que veut garder Unseenlabs.

Hors de France

Simultanément, la PME va s’implanter sur les marchés américains et asiatiques, car, sur sa quinzaine de clients, la majorité est hors de France. A l’origine, il s’agissait surtout d’institutions publiques et maintenant des entreprises se montrent intéressées (assureurs, secteur pétrolier et gazier, intelligence économique…). « Cela permet de surveiller les infrastructures sous-marines : pipelines, câbles de communications… », dit-il.

Pour cela, l’entreprise, qui emploie actuellement 70 personnes, pourrait doubler ses effectifs, d’ici 18 à 24 mois. Il s’agit d’une option et non d’un engagement pour cette PME, qui réalise 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et qui est rentable depuis au moins deux ans. C’est cette situation qui a conduit des sociétés de gestion comme Supernova Invest ou Isalt à participer au tour de table aux côtés des actionnaires historiques comme 360 Capital, Omnes, Bpifrance ou Breizh Up. Les deux nouveaux investisseurs ont apporté chacun 15 millions d’euros.