Source: Le Monde
Caramba, encore raté ! Comme le général Alcazar de Tintin, les dirigeants de Boeing n’en peuvent plus d’accumuler les déboires. Voilà plus de quatre ans que le groupe essaie de transporter deux astronautes en direction de la Station spatiale internationale en orbite autour de la Terre.
La nuit du lundi 6 au mardi 7 mai devait être la bonne. Barry Wilmore et Suni Williams s’étaient installés dans la petite capsule Starliner, avaient attaché leur ceinture. Mais deux heures avant le décollage, le compte à rebours a été stoppé. Un petit bruit a été entendu sur le corps du deuxième étage de la fusée Atlas V, chargée d’envoyer les astronautes. Après inspection, c’est une valve à oxygène qui vibrait. Les voyageurs sont retournés en salle d’attente. Soixante-trois ans après les premières incursions humaines dans l’espace, le transport spatial reste toujours aussi artisanal.
Pour Boeing, qui enchaîne déjà les déconvenues sur la qualité de ses avions commerciaux, la série noire continue. D’autant que, lundi, l’autorité fédérale du transport aérien, la Federal Aviation Administration, a lancé une enquête approfondie sur des falsifications de document d’inspection de son avion vedette, le 787. Maintenant, c’est son antique fusée Atlas V, construite avec Lockheed Martin, qui n’est pas à la hauteur. Il a fallu trois tentatives à vide depuis 2019 pour qu’enfin le Starliner s’arrime à la Station spatiale internationale. Pourtant, la NASA lui avait attribué un contrat de 4,2 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) pour y parvenir. Humiliation suprême, son concurrent SpaceX, arrivé sur le marché en 2010 et disposant d’un budget presque deux fois moindre pour la même tâche, est parvenu à envoyer ses premiers hommes en 2020 et a conduit, depuis, neuf vols habités.
Les Européens ne peuvent pas se réjouir de cette situation. Ils sont aussi les victimes de ce nouvel âge de l’espace introduit par la société d’Elon Musk. La fusée Ariane, trop chère, pas compétitive, cherche son salut avec Ariane-6 qui devrait être lancée au plus tôt fin juin. L’industrie spatiale redevient stratégique, mais le billet est toujours aussi cher et les horaires de vol aléatoires.