source: Le Monde
Airbus dévoile les contours du successeur de l’A320neo
L’entreprise a réaffirmé sa volonté de décarboner ses futurs appareils
Guy Dutheil
Airbus a décidé de réaffirmer haut et fort l’étendue de ses efforts en direction d’un transport aérien décarboné (zéro émission de CO2) à l’horizon 2050. Une communicationqui se veut d’autant plus démonstrative qu’il y a quelques semaines les syndicats ont révélé un décalage de cinq à dix ans pour son projet d’avion à hydrogène. Malgré ce contretemps, l’avionneur a organisé, lundi 24 et mardi 25 mars, à Toulouse, son Airbus Summit annuel pour faire savoir qu’il « ne dévie pas de sa route sur le chemin de la décarbonation », a indiqué le PDG, Guillaume Faury. Il a révélé les pistes technologiques concernant la conception du successeur de son best-seller, l’A320neo.
En pratique, l’avionneur continue, comme depuis cinq ans déjà, à développer des projets d’avions à hydrogène. Toutefois, le groupe a admis que la route serait longue avant d’y parvenir. Faute d’hydrogène, le constructeur européen se tourne vers les carburants d’aviation durable (Sustainable Aviation Fuel, SAF) dans l’avion du futur. Toutefois, les SAF (souvent à base d’huiles usagées) présentent un peu les mêmes défauts que l’hydrogène. Ils sont rares, très chers et quasi introuvables. Alors que le transport aérien mondial consomme, annuellement, un peu moins de 300 millions de tonnes de kérosène, seul un million de tonnes de SAF ont été produites en 2024. Pour aider les compagnies à se fournir en carburant durable ou, au moins, à bénéficier de crédits SAF comme il y a eu des crédits carbone, le groupe propose un système comptable où les carburants durables peuvent être achetés par une organisation sans que sa cargaison ne soit physiquement transportée grâce à ce carburant.
Biomimétisme
Avec ce système, l’avionneur « s’assure de la chaîne de durabilité complète des SAF, de la production à la combustion », ajoute le cadre dirigeant. Il songe même à proposer des crédits SAF aux compagnies qui, à l’avenir, commanderont ses appareils. Pour preuve de sa bonne foi et afin d’empêcher les abus et les fraudes, Airbus mène cette démarche en partenariat avec le réseau collaboratif d’organisations à but non lucratif Roundtable on Sustainable Biomaterials.
Le sommet fut donc aussi l’occasion pour l’industriel de dévoiler les possibles contours de l’aéronef qui prendra la suite de la star du catalogue d’Airbus : l’A320neo. Pas de révolution à attendre mais plutôt des « évolutions », a tempéré M. Faury. Car l’avionneur joue gros avec ce prochain appareil. En effet, avec toutes les versions de son moyen-courrier, il détient près de 70 % de part de marché de ce segment, qui représente à lui seul 80 % du marché du transport aérien jusqu’en 2044, soit plus de 33 000 avions. Selon la feuille de route qu’il s’est fixée, la relève de l’A320neo devra fonctionner avec 100 % de carburant durable, de SAF. Le futur appareil sera encore plus sobre qu’aujourd’hui. Il consommera de 20 % à 30 % de moins que la génération actuelle de monocouloirs. Pour y parvenir, l’appareil pourrait être équipé d’un moteur à « open fan », c’est-à-dire sans carénage, comme le Revolutionary Innovation for Sustainable Engines (RISE), que met au point le motoriste Safran.
Pour accroître ses performances, il pourrait aussi être doté d’ailes plus longues, plus fines et plus étroites. Les équipes se sont inspirées du biomimétisme pour les développer. Ces ailes qui pourraient atteindre 50 mètres de long seraient repliables pour permettre à l’avion de pouvoir circuler et stationner dans les aéroports. Le constructeur pourrait aussi décider que son nouvel appareil bénéficiera d’une plateforme centrale pour distribuer données et énergie. Un choix qui présenterait l’avantage d’une maintenance facilitée et qui permettrait de le moderniser tout au long de sa vie.
Source: Les Echos


