La gestion des ressources et le partage de compétence en vol
(Par Thierry COUDERC, Président de la Commission Sécurité des Vols de la FFPLUM)
Lorsque deux pilotes très qualifiés sont amenés à voler ensemble, ils doivent apporter un soin particulier à l’élaboration de leur projet pour définir clairement le partage de responsabilité dans les différentes phases de préparation puis d’exécution de leur vol.
L’expérience relatée par le REX dont nous vous proposons l’étude ce mois-ci nous montre que la surabondance de compétences embarquées peut inciter deux instructeurs qui volent ensemble à alléger exagérément la préparation et à se reposer inconsciemment sur les compétences de l’autre.
Le rédacteur est particulièrement honnête à propos de la désinvolture dont il a fait preuve pour faire ce vol. Il n’a embarqué ni carte ni GPS. Il semble que même l’heure de décollage n’ait pas été relevée. Les conséquences sont ici minimes : sans toute quelques secondes de flottement tout au plus. Mais on peut tout aussi bien imaginer que ce genre de comportement puisse impacter des paramètres primordiaux pour la sécurité, tels que le bilan carburant ou le centrage, avec des conséquences potentiellement autrement plus graves.
En outre, la situation risque de devenir critique en cas de divergence d’analyse face à un incident si les responsabilités ne sont pas clairement définies.
Les données accidentologiques de la FFPLUM comportent des événements de cette sorte, qui ont abouti à la destruction de l’appareil. L’un des exemples récents a pour facteur initial une divergence d’appréciation entre deux pilotes expérimentés à propos de l’opportunité de remettre les gaz en final sur une altisurface. Il n’y a pas eu de confrontation entre les protagonistes, mais un simple échange de points de vue a retardé la prise de décision des quelques secondes qui auront fait la différence entre l’anecdote et l’accident.
Une autre situation bien connue peut conduire à ce genre de problème, lorsque le propriétaire d’un ULM invite un instructeur pour un vol qui n’est pas formellement une séance d’instruction. Mis en confiance, le pilote peut s’enhardir aux limites de ses compétences, alors que l’instructeur peut aborder ce vol dans un état d’esprit proche de celui de passager.