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Pour respecter les délais, le numéro un mondial de l’aéronautique a annoncé, mardi 22 février, la signature d’un partenariat avec deux motoristes, le français Safran et son associé américain General Electric (GE). L’objectif du trio est de tester, à partir de 2026, un moteur à hydrogène.
Dans un premier temps, le trio va développer un démonstrateur – un dispositif complet qui associera un moteur à hydrogène ainsi que des réservoirs pour stocker ce gaz à l’état liquide. Lors de cette phase de test, Airbus équipera un super-jumbo A380, le plus gros long-courrier en activité, d’un cinquième moteur reconditionné pour fonctionner à l’hydrogène.
Le réacteur supplémentaire sera fixé à l’arrière du fuselage. L’A380 décollera ainsi avec ses moteurs alimentés au kérosène, avant, une fois atteinte son altitude de croisière, de poursuivre son vol à l’hydrogène. « Il s’agit de l’étape la plus significative entreprise par Airbus pour inaugurer la nouvelle ère des avions à hydrogène, depuis l’annonce de nos concepts d’appareil zéro émission en septembre 2020 », a indiqué Sabine Klauke, directrice technique d’Airbus.
Réduire de 20 % la consommation et les émissions de CO2
Avec ce partenariat, Airbus fait basculer le transport aérien dans l’après-kérosène. En effet, Safran et GE, partenaires à 50-50 dans la coentreprise CFM International, sont les deux plus importants motoristes du secteur. A eux seuls, ils fournissent tous les 737 MAX de Boeing et la majorité des moyen-courriers de la famille A320neo d’Airbus, les avions les plus vendus au monde.
Surtout, avec cette annonce, Airbus fait savoir que les biofuels ne seront qu’une étape intermédiaire avant la mise en œuvre des avions à hydrogène. Les carburants alternatifs sont déjà certifiés pour être utilisés sur la flotte actuelle d’avions commerciaux. Problème, ils sont produits en quantité trop faible et, surtout, ils coûtent de six à sept fois plus cher que le kérosène.
A la mi-2021, Safran et GE avaient présenté un projet de futur moteur, baptisé « RISE », avec pour objectif de réduire de 20 % la consommation et les émissions de CO2. En s’associant à Airbus, les motoristes français et américain passent à la vitesse supérieure. « La combustion à hydrogène est une des technologies fondamentales que nous sommes en train de développer et d’éprouver, dans le cadre du projet RISE », a signalé Gaël Meheust, PDG de CFM international.
Une réponse aux détracteurs du transport aérien
Pour Airbus, le choix d’un A380 pour tester un moteur à hydrogène n’est pas anodin. Il s’agit d’un signal adressé à tous les acteurs du transport aérien. Il signifie que la technologie retenue par l’avionneur équipera les avions commerciaux du futur à partir de 2035. A contrario, cela indique aussi que l’avion électrique n’est pas pour demain. En raison du poids des batteries, ce mode de propulsion devrait rester réservé, au moins à moyen terme, aux petits appareils de moins de 20 places.
Avec cette annonce, Airbus espère contrer les arguments des détracteurs du transport aérien. Le « flygskam », la « honte de prendre l’avion », un mouvement né en Suède en 2019, avait pris de la vigueur à l’occasion de la pandémie de Covid-19. Le gouvernement avait notamment conditionné son aide financière pour sauver Air France de la faillite à la fermeture de quelques destinations – celles joignables par TGV en moins de deux heures trente. Avec l’hydrogène, le transport aérien, qui représente aujourd’hui environ 3 % des émissions de CO2, compte verdir un peu plus son activité.
Guy Dutheil