SIPRI: les 100 premiers fournisseurs d’armes en 2021

LE rapport peut être déchargé sur https://www.sipri.org/sites/default/files/2022-12/fs_2212_top_100_2021.pdf

Un commentaire du journal Le Monde

Le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont fait leur œuvre : l’industrie de défense est à son tour rattrapée par les difficultés logistiques. C’est l’une des conclusions d’un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), publié lundi 5 décembre, et consacré aux 100 premières entreprises du secteur. Elles ne se portent pas mal pour autant. En 2021, leurs ventes ont progressé pour la septième année consécutive (+ 1,9 %) et atteignent 592 milliards de dollars courants (560 milliards d’euros). « On aurait pu s’attendre à une croissance plus forte sans les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement », nuance Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme sur les armements de cet institut de référence.

Consolidation

Les difficultés d’acheminement comme la pénurie de matières premières et de composants s’aggraveront avec la guerre, la Russie étant « un fournisseur majeur de matières premières utilisées dans la production d’armes ». Au point de freiner les efforts des Américains et des Européens pour renforcer leurs forces armées, alors que certains groupes peinent aussi à trouver des compétences. « II faudra peut-être plusieurs années à certains des producteurs d’armes pour répondre à la demande créée par la guerre en Ukraine », qu’il s’agisse de produire de nouveaux équipements ou de reconstituer des stocks, prévient Diego Lopes da Silva, chercheur senior au Sipri.

Les 40 sociétés américaines de la liste pèsent 299 milliards de dollars de chiffre d’affaires, même si l’Amérique du Nord est le seul continent à avoir reculé (– 0,8 %) en raison de la forte inflation. La vague de consolidation a renforcé l’industrie et suscité les critiques du Pentagone devant une tendance monopolistique qui fait grimper les prix. Les ventes des vingt-sept groupes européens du Top 100 ont progressé de 4,2 % (123 milliards), celles des huit grandes entreprises chinoises de 6,3 % (109 milliards), quand celles des six sociétés russes du classement du Sipri (17,8 milliards) stagnaient (+ 0,4 %).

Outre les pénuries d’intrants, industriels et militaires sont face à deux écueils. L’inflation, qui renchérit les équipements et grignote des budgets pourtant en forte progression dans le monde. Et l’attente de commandes, notamment en France. La base industrielle et technologique de défense a bien reçu le message du chef de l’Etat, Emmanuel Macron : le pays est entré dans une « économie de guerre » il lui faudra produire plus, plus vite et moins cher. Mais elle devra attendre les arbitrages de la prochaine loi de programmation militaire, qui pourrait dépasser 400 milliards sur la période 2024-2030.