Grève des contrôleurs aériens

Le Monde du 14/02/2023

La grève surprise des contrôleurs aériens pourrait se reproduire

Des grèves inopinées ont perturbé samedi le secteur aérien français, même sans appel des syndicats

Guy Dutheil

C’est une grève surprise des contrôleurs aériens, samedi 11 février, qui a pris de court les compagnies aériennes comme la direction générale de l’aviation civile (DGAC) et bien sûr les passagers. A l’occasion de la journée d’action contre la réforme des retraites, samedi 11 février, une forte proportion de contrôleurs aériens a soudainement décidé de faire grève.

Un mouvement très fort, notamment à Orly, qui a conduit la DGAC à « abattre », c’est-à-dire à réduire de 50 % le nombre des vols au départ de l’aéroport du Sud-Ouest parisien. Des perturbations ont également été observées à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, qui a dû fermer dans la soirée de samedi à partir de 20 heures.

Contrairement aux autres acteurs du transport aérien comme les pilotes, les hôtesses de l’air ou les personnels au sol des compagnies aériennes, les contrôleurs ne sont pas soumis à la loi Diard, qui impose à tous salariés qui concourent directement à la réalisation des vols, à se déclarer grévistes au plus tard quarante-huit heures avant le début du mouvement. Jusqu’ici, explique au Monde la DGAC, lors des trois premières journées d’action contre la réforme des retraites, les syndicats des contrôleurs aériens avaient « relayé » le mot d’ordre de grève de l’intersyndicale à l’échelon national.

Service minimum

En clair, ils avaient informé la DGAC qu’ils feraient grève à l’appel de leurs syndicats. Ainsi prévenu, l’organe de régulation du transport aérien avait pu mettre en place un service minimum. Un dispositif qui oblige les contrôleurs non grévistes à se présenter à leur poste. Il permet aussi à la DGAC d’anticiper une baisse du trafic faute de contrôleurs en nombre suffisant.

A l’occasion de la dernière journée de protestation contre la réforme des retraites, mardi 7 février, la DGAC avait ainsi annoncé une réduction des vols de 20 %. Une décision qui oblige les compagnies à réduire leurs programmes de vols. En pratique, elles préservent « les vols internationaux, principalement long-courriers, et les liaisons vers les DOM-TOM », fait savoir la DGAC, au détriment des vols court et moyen-courrier.

Ce samedi 11 février, a souligné la DGAC, les préavis de grève nationaux pour samedi n’avaient « pas été relayés par les organisations syndicales au sein de la direction générale de l’Aviation civile, ni suivis d’appel à la grève de la part des organisations représentatives des contrôleurs aériens ». En décidant de suivre, « par surprise », le mouvement de grève nationale, des contrôleurs aériens ont empêché la mise en place du service minimum mis en place lors des journées précédentes.

Environ 77 000 passagers étaient initialement attendus samedi à Orly : quelque 40 000 au départ et 37 000 à l’arrivée, pour un total de 479 mouvements d’avions prévus, selon le gestionnaire de l’aéroport, le groupe ADP.

Ces grèves inopinées pourraient se reproduire à l’occasion de la prochaine journée d’action du 16 février. Rien n’empêchera des contrôleurs aériens de se joindre, de nouveau, au mouvement à la dernière minute. Chez les pilotes et au sein des compagnies aériennes, on s’interroge sur la capacité d’analyse de la situation de la DGAC, accusée d’avoir manqué de « pif ». Et plus largement la question de l’implication des contrôleurs dans la suite du mouvement est posée.