Source: Le Monde
Les aéroports parisiens échappent à la pagaille de l’été 2022
Pour le moment, le dispositif « grands départs » et les recrutements ont évité les désagréments vécus par les passagers l’an dernier
Guy Dutheil
Surtout ne pas revivre le cauchemar de l’été 2022. L’année dernière, surpris par un retour plus fort que prévu des passagers, les aéroports des grandes métropoles européennes, notamment à Paris, Londres et Amsterdam ont vécu une saison estivale chaotique : annulations de vols, files d’attente interminables aux passages des frontières, touristes excédés… Lundi 17 juillet, Clément Beaune et Olivia Grégoire, respectivement ministre des transports et ministre déléguée au tourisme, se sont rendus à Orly pour vérifier, in situ, les effets « du plan pour une meilleure qualité de service dans le transport aérien ». Notamment le dispositif « grands départs », à l’œuvre durant les deux week-ends de fortes affluences dans les aéroports parisiens, les 8-9 juillet et les 15-16 juillet.
« L’amélioration du parcours voyageur » serait notable, assure Groupe ADP, gestionnaire de Roissy-Charles-de-Gaulle et d’Orly avant de souligner que « les premiers week-ends de grands départs se sont très bien passés ». Et ce tandis qu’en juillet et août, la reprise du trafic, qui a retrouvé 90 % de son niveau de 2019, est plus forte que prévu. « A Orly, nous sommes au-dessus de l’été 2019, en termes de trafic. A Roissy, nous sommes au-dessus de 2022 », note Groupe ADP. Quelque 47,1 millions de voyageurs ont déjà transité entre janvier et juin par les deux aéroports parisiens (+ 25,7 % sur un an).
« C’est plus fluide [qu’en 2022] », reconnaît Laurent Dahyot, secrétaire général de la CGT-Air France. « Il n’y avait pas de files d’attente de dingues comme l’été dernier », confirme Nadia C. – elle n’a pas souhaité donner son nom –, qui a passé la journée du dimanche 16 juillet au terminal 2B de Roissy-Charles-de-Gaulle faute d’avoir bien rempli la demande de visa pour sa fille, qui n’a pas été autorisée à monter dans son avion pour Montréal. « Il y avait du monde, mais pas de signe de fébrilité particulière. Rien d’oppressant. »
A Orly, les deux ministres ont aussi voulu apprécier « le plan de robustesse des bagages » concocté entre le gestionnaire d’aéroports et les compagnies aériennes, commente-t-on chez ADP. Il faut dire qu’en 2022, une grève surprise des bagagistes de Roissy avait laissé des milliers de valises en souffrance pendant des semaines.
Vacataires embauchés
M. Beaune et Mme Grégoire se sont aussi déplacés au poste d’inspection filtrage, où un nouvel appareil scanne les bagages sans avoir à les ouvrir, d’où un gain de temps certain. « [Groupe ADP a] embauché des vacataires »pour renforcer les effectifs de la police aux frontières (PAF), signale M. Dahyot. Il y a un an, ce sont, notamment, les sous-effectifs à la PAF qui avaient démesurément étiré les temps d’attentes des passagers. Douze mois plus tard, Groupe ADP prévoit de recruter « 287 agents administratifs et contractuels supplémentaires », fait-il savoir. Cent cinquante-six ont été affectés à Roissy et 131 à Orly. Des recrutements qui avaient été annoncés, en avril, par le ministère de l’intérieur qui disait vouloir embaucher 1 300 personnels supplémentaires, dont 865 pour les aéroports.
Groupe ADP a aussi renforcé le nombre de ses sas Parafe. Des passages automatisés, seulement compatibles avec les passeports biométriques, qui tombaient trop souvent en panne ou étaient fermés faute de personnels de la PAF en nombre suffisant pour les surveiller. Pour l’été 2023, ADP a porté le nombre des Parafe à 139, installés à Roissy et Orly, soit 17 de plus qu’en 2022.
Au-delà de la saison estivale, ce sont surtout les Jeux olympiques de 2024 qui constituent l’échéance redoutée par le gouvernement et les acteurs du transport aérien. Ces derniers souhaitent que Paris offre, dès l’arrivée des délégations internationales et des touristes, « son plus beau visage », promeut ADP. Pour y parvenir, Olivia Grégoire a notamment annoncé la création d’une sorte de palmarès des pires compagnies aériennes, celles qui annulent le plus de vols et celles qui cumulent le plus de retards. Un hit-parade dont la gestion sera confiée à la direction générale de l’aviation civile.