https://www.dronevolt.com/wp-content/uploads/leaflet_pdf/Airshadow-fr_WEB.pdf
Extrait du journal Le Monde du 19-02-2019
Drone Volt, la PME française qui fournit l’armée américaine
Jean-Michel Normand
Cette entreprise installée à Villepinte (Seine-Saint-Denis) produit des drones
très prisés des professionnels, en France comme à l’étranger
Il ne pèse que deux kilos, peut voler pendant vingt minutes et, grâce à sa
caméra surpuissante dotée d’un détecteur infrarouge et à un module
d’intelligence artificielle, reconnaît de jour comme de nuit des plaques
d’immatriculation, voire des visages… Le nouveau quadricoptère à usage
professionnel conçu par le constructeur français Drone Volt avance un autre
argument de vente. Non seulement les données transmises au sol par cet
Airshadow – le nom du modèle – sont dûment chiffrées, mais l’entreprise ne
prévoit aucune communication avec un serveur pour les mises à jour, ce qui
exclut a priori tout accès ou transfert d’informations à distance et à l’insu
de l’utilisateur.
« Très appréciée, cette sécurité est franchement stratégique aux Etats-Unis où
les drones chinois sont désormais interdits auprès des administrations », après
avoir été soupçonnés de permettre la fuite de données jugées sensibles,
assurent ses concepteurs. L’US Army, tout comme plusieurs agences publiques et
sociétés américaines exerçant dans le domaine de la sécurité et de l’énergie,
sont devenues des clientes de premier plan pour l’entreprise installée à
Villepinte (Seine-Saint-Denis), qui facture ce drone plus de 20 000 euros.
Fondée en 2011, Drone Volt, avec ses 60 salariés, reflète parfaitement la
mutation que traverse cette industrie. D’abord spécialisée dans la distribution
de modèles de loisirs – pour l’essentiel ceux du numéro un mondial, le chinois
DJI –, la société délaisse progressivement cette activité en déclin. Elle se
concentre exclusivement sur la production de drones professionnels à forte
valeur ajoutée et la conception de services associés, y compris la formation
des opérateurs.
En 2018, son chiffre d’affaires (7,4 millions d’euros) a reculé de 5 % sous
l’effet du repli des activités grand public, et ce, malgré une multiplication
par trois des ventes de drones professionnels. Un effet de ciseaux qui s’est
traduit favorablement sur la marge brute, passée de 1,9 à 2,4 millions d’euros.
Pour 2019, la société table sur une augmentation d’au moins 25 % de son chiffre
d’affaires « en particulier grâce aux contrats passés avec des clients
américains ».
Moins cher que les hélicoptères
« Recourir à des drones n’a de sens que lorsque les bénéfices liés à leur
utilisation apparaissent évidents. Or, des secteurs économiques entiers
commencent à s’approprier ces appareils, car ils perçoivent ce qu’ils peuvent
leur apporter », assure Olivier Gualdoni, président de Drone Volt. Les services
de surveillance et d’inspection des grandes infrastructures sont les plus
demandeurs de ces drones que l’entreprise a produits l’an passé à 72 unités et
dont le tarif peut atteindre 80 000 euros.
Cela reste néanmoins très compétitif au regard du recours classique à un
hélicoptère dont l’heure de vol est facturée plusieurs milliers d’euros. Aux
Etats-Unis, en Afrique du Sud ou au Vietnam, des contrats ont été passés avec
des opérateurs chargés de l’entretien des pylônes et des lignes des réseaux
électriques ou téléphoniques. En France, Drone Volt travaille notamment pour
Engie, Total et Bouygues. La demande frémit dans le bâtiment : suivi des
constructions avec des relevés numériques, traitement de toitures en projetant
un liquide antimousse, nettoyage de vitrages sur des immeubles difficilement
accessibles…
Nettement plus discrets sur les utilisations auxquelles ils destinent leurs
drones, les secteurs de la sécurité et de la surveillance, civile comme
militaire, sont devenus des clients réguliers pour ces caméras volantes
ultra-sophistiquées. La gendarmerie, la défense, plusieurs armées étrangères
(Etats-Unis, Europe du Nord, Scandinavie) mais aussi la sécurité civile belge
se sont portées acquéreuses de drones capables d’atterrir sans heurt sur le
pont d’un bateau ballotté par les vagues ou d’être lancés comme des éclaireurs
capables de fournir en temps réel des relevés réalisés par une caméra
intelligente.
Une autre application semble promise à rencontrer le succès : la mise au point
de drones dotés de capteurs chimiques afin de mesurer le niveau de pollution.
Le département thaïlandais de l’environnement en a fait l’acquisition en 2018
auprès de Drone Volt.