Le 747 cadeau du Quatar et ses inconnues

https://www.avianews.ch/post/air-force-one-le-cadeau-empoisonn%C3%A9-du-qatar

Extraits

Ce qui pose problème

Dans le cadre hypothétique d’une acceptation, l’Administration Trump se retrouverait face aux problèmes suivants : un tel cadeau de la part d’un pays peut être considéré comme de la corruption. D’ailleurs, en vertu de la Constitution américaine, une clause d’émoluments interdit à toute personne occupant une fonction gouvernementale d’accepter un cadeau, un émolument, une fonction ou un titre d’un « roi, d’un prince ou d’un État étranger », sans le consentement du Congrès.

Second problème, la conversion du Boeing B747 nécessiterait d’énormes sommes d’argent (transformation des communications, bureau sécurisé, salle de conférences, protection cyber, systèmes anti-missiles, etc.), prendrait des années à terminer et pourrait introduire des lacunes alarmantes en matière de capacités et des vulnérabilités de sécurité. Sous couverture, un agent du Secret Service déclarait qu’il serait très compliqué de « nettoyer » l’avion de tous systèmes d’espionnage qui pourraient avoir été installés, et ce sans pouvoir démonter complètement l’avion.

Lire aussi

https://www.aerotime.aero/articles/qatar-airways-boeing-agreement-trump?

et

https://www.avianews.ch/post/qatar-airways-annonce-une-commande-historique-pour-boeing?

ainsi que le Monde

PERTES & PROFITS|BOEING

Par Isabelle Chaperon

Le personnel de bord le répète sans cesse. Il est essentiel de mettre son masque à oxygène en tout premier lieu, avant d’aider les autres. Donald Trump a exécuté la consigne avec brio lors de sa visite au Qatar. Pour lui d’abord, un B 747-8 luxueusement aménagé offert par la monarchie pétrolière, et ensuite une commande géante pour Boeing.

Qatar Airways a signé, mercredi 14 mai, la commande de 160 appareils (plus 50 en option) – 130 Boeing 787 et 30 Boeing 777-9 – soit la plus importante de long-courriers jamais reçue par l’avionneur américain. Et la plus conséquente jamais passée par la compagnie d’Etat qatarie, également cliente d’Airbus. Cela représente une valeur affichée de 96 milliards de dollars (86 milliards d’euros), à prendre avec autant de précaution qu’une serviette chaude en classe affaires, car les compagnies aériennes ne payent jamais les prix affichés dans les catalogues.

Cette commande géante tombe à pic pour Boeing, qui peine à relever la tête après une série noire. Fragilisé par les défaillances du 737 Max et une grève historique ayant paralysé ses deux principales usines près de Seattle pendant sept semaines en 2024, le concurrent d’Airbus a essuyé une perte proche de 12 milliards de dollars l’an passé. Boeing était même bien parti pour être une victime collatérale de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, après l’instruction donnée par Pékin à ses compagnies aériennes, en avril, de refuser les livraisons de ses appareils.

Appétit opportun

Le ciel s’éclaircit depuis la trêve entre Washington et Pékin. Que l’avion soit la tête de gondole de la diplomatie version Trump fait les affaires de Boeing. Un « deal » commercial est signé entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni ? Hop, 32 Boeing commandés par British Airways. Le « Trump Tour » passe en Arabie saoudite ? 30 jets 737-10 réservés par une firme saoudienne. Et maintenant le Qatar, dont l’appétit opportun promet d’assurer 154 000 emplois par année de production dans les usines américaines.

Il est normal que le premier exportateur américain bénéficie du soutien de la Maison Blanche, mais la passion de Donald Trump pour les avions apporte un carburant supplémentaire. L’homme d’affaires, qui avait tenté de redresser une compagnie aérienne par le passé, se déplaçait durant sa campagne électorale de 2016 à bord de son Boeing 757 personnel, surnommé Trump Force One. De quoi expliquer son agacement face aux prestations jugées insuffisantes des Boeing vieillissants de la flotte présidentielle. La diplomatie de l’avion risque de prospérer. A voir si Airbus en fait les frais.